Le Quai d’Orsay demande de ne plus inviter les artistes du Niger, du Mali et du Burkina Faso en France

Siège du Quai d'Orsay (Gilles ROLLE/REA)

Siège du Quai d'Orsay (Gilles ROLLE/REA)

Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères français, connu également sous le nom de Quai d’Orsay, une directive a été émise demandant aux acteurs culturels de ne plus inviter des artistes originaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso. Ces trois pays ont récemment été frappés par des coups d’État militaires, ce qui a conduit la France à suspendre la délivrance de visas.

“Les artistes du Niger, du Burkina Faso et du Mali ne sont plus les bienvenus sur les scènes françaises”, a rapporté ce jeudi le média “radiofrance.fr” citant une correspondance du Quai d’Orsay envoyée aux organisateurs de festivals et spectacles, via la direction générale des affaires culturelles.

Le Quai d’Orsay a donc demandé aux institutions culturelles subventionnées, telles que les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux et scènes nationales, de ne plus inviter d’artistes de ces trois pays. Cette directive a été transmise via une lettre envoyée par les directions des Affaires culturelles.

“Par conséquence, tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception (…) De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée.”, a expressément indiqué la direction des affaires culturelles.

En outre, la suspension de tous les soutiens financiers à ces associations ou troupes d’artistes de ces pays est également demandée.

Cependant, le ministère de la Culture a précisé que cette décision ne demandait pas la déprogrammation d’artistes déjà programmés. La suspension de la délivrance de visas depuis Niamey, Ougadougou et Bamako est en vigueur depuis le 7 août. Cela n’affecte pas les personnes déjà titulaires de visas délivrés avant cette date ou qui résident en France ou dans d’autres pays.

Toujours selon Radio France, la décision récente représente un véritable revers pour les artistes africains, mettant en péril leur liberté d’expression et risquant de perturber de nombreux festivals à venir. Parmi eux, la 40e édition des Francophonies de Limoges qui doit commencer la semaine prochaine, avec un fort accent sur la programmation africaine. Hassane Kassi Kouyaté, metteur en scène originaire du Burkina Faso, exprime son inquiétude face à cette situation et se sent impuissant devant cette décision : “On est tous otage des décisions politiques. Ce sont des décisions qui nous dépassent, mais je les subis en tant qu’organisateur et en tant qu’artiste. C’est d’autant plus difficile que l’on est sur certains projets depuis trois ans. On a une décision qui nous dit que ces artistes ne peuvent plus travailler ici, et c’est très très grave. Je le vis très mal.”

Le Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) a demandé une réunion d’urgence avec le ministère des Affaires étrangères pour discuter de cette décision.

Face à la controverse, le Quai d’Orsay et le ministère de la Culture ont tenté de modérer leur position, précisant qu’ « aucune déprogrammation d’artistes, de quelque nationalité que ce soit, n’est demandée ni par le ministère des Affaires étrangères, ni par le ministère de la Culture. Pour des raisons de sécurité, la France a suspendu depuis le 7 août la délivrance de visas depuis Niamey, Ouagadougou et Bamako, ainsi que la mise en œuvre dans ces pays de nos actions de coopération culturelle. Cette décision n’affecte pas les personnes qui seraient titulaires de visas délivrés avant cette date ou qui résident en France ou dans d’autres pays ».

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