Le Maroc progresse rapidement vers son ambition de produire 300 000 tonnes de produits aquacoles et de créer 30 000 emplois au cours de la prochaine décennie, faisant de l’aquaculture un pilier de sa future économie bleue, selon une publication de la Banque mondiale transmise à l’AIP.
Avec une production actuelle estimée à 3 600 tonnes, le Royaume ne mobilise encore qu’une faible part de son potentiel. Toutefois, les investissements publics et privés, associés à une stratégie nationale structurante, ont permis d’atteindre 322 exploitations agréées, représentant une capacité annuelle projetée à 124 000 tonnes.
Un marché en forte expansion
La hausse de la consommation nationale de produits de la mer, soutenue par la croissance démographique et la sensibilisation aux bénéfices nutritionnels, ainsi que la demande mondiale croissante, alimentent les perspectives du secteur. Les opportunités d’investissement devraient dépasser un milliard de dollars en 2025.
L’aquaculture apparaît ainsi comme un levier pour réduire les importations, stabiliser l’offre intérieure et renforcer la résilience économique du pays.
Un engagement renforcé de la Banque mondiale
« Le Groupe de la Banque mondiale est prêt à accompagner le Royaume du Maroc (…) pour faire de ce secteur une priorité nationale », affirme Ahmadou Moustapha Ndiaye, directeur de division pour le Maghreb et Malte. L’institution soutient la simplification du cadre réglementaire, la réduction des risques pour les investisseurs et la mobilisation de financements, notamment via la Société financière internationale (IFC).
Le Maroc bénéficie déjà d’un Programme pour les résultats de 350 millions de dollars, complété par un financement additionnel de 5 millions de dollars du fonds PROBLUE, dédié à la résilience des économies côtières. Ces ressources ont permis des avancées dans la gestion durable des ressources marines, la restauration des forêts littorales et la protection contre les inondations et l’érosion.
Par ailleurs, la deuxième phase du Programme sur l’économie bleue en Afrique du Nord apporte une assistance technique à l’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA), notamment en matière de sélection des sites, de formation à l’élevage durable de crevettes et de développement de la filière des algues.
Des entreprises pilotes montrent la voie
Parmi les initiatives innovantes soutenues, la ferme VitaminSea Maroc illustre le potentiel du secteur. « Nous produisons environ 60 tonnes de crevettes par an, mais avec des investissements supplémentaires, nous pourrions atteindre 300 tonnes », explique son cofondateur, Driss Krafess. L’entreprise vise également à implanter une unité de production de larves pour réduire les importations.
Dans le domaine de l’algoculture, l’entreprise SETEXAM, active depuis 1960, explore de nouveaux débouchés, notamment via le commerce électronique. « Avec les bons investissements, nous pourrons augmenter la production et exploiter pleinement le potentiel des ressources marines », souligne son directeur, Rachid Lebar.
Un secteur stratégique en devenir
Alors que l’aquaculture mondiale a produit 71 millions de tonnes en 2022, le Maroc se positionne pour capter une part croissante de ce marché dynamique. Les algues, utilisées dans les cosmétiques, les engrais, la bioénergie ou les textiles, deviennent la pierre angulaire de la stratégie marocaine de bioinnovation, renforcée par des partenariats entre universités et start-up.
Malgré des défis persistants – notamment en matière de couvoirs, de provendes et d’installations de transformation –, les progrès accomplis et les partenariats consolidés laissent entrevoir une montée en puissance rapide.
Selon la Banque mondiale, le Maroc est ainsi « en passe de devenir un leader régional de l’aquaculture », capable de créer des milliers d’emplois, d’augmenter ses exportations et de protéger ses écosystèmes marins, transformant l’économie bleue en un moteur durable de prospérité.