Guinée-Bissau : la commission électorale annonce qu’elle ne publiera pas les résultats des élections

Moins de sept jours après la prise de pouvoir par les militaires et la suspension de l’ensemble du processus électoral, la Commission électorale nationale (Ceni) de Guinée Bissau a annoncé lors d’un point de presse tenu mardi 2 décembre, qu’aucun résultat de la présidentielle ne sera finalement publié, contrairement à l’appel lancé lundi par la CEDEAO, l’opposition et la société civile.

« Il est impossible de publier les résultats de la présidentielle et des législatives, car les procès-verbaux des résultats dans les régions ont été confisqués par l’armée. Les procès-verbaux de la capitale Bissau, tout comme les téléphones et ordinateurs de l’instance chargée d’organiser les élections, ont aussi été confisqués par les militaires le jour du coup de force », déclare l’instance électorale.

« Le processus électoral, perturbé à l’une de ces étapes clefs, ne peut être repris, ni achevé », affirme la Commission électorale dans cette première prise de parole publique depuis le coup d’Etat. C’est aussi ce qu’elle dit avoir expliqué à la délégation de la CEDEAO, lundi.

Le président de la Céni, Npabi Cabi, avait été détenu cinq jours dans les locaux de la Céni avant d’être libéré dimanche. Les traits tirés, il n’a pas prononcé un mot, alors que plusieurs sources évoquent de possibles pressions exercées par la junte au pouvoir. L’opposition et la société civile de leur côté continuent d’affirmer qu’il est possible de compiler les résultats avec les procès-verbaux existants, sachant que chaque représentant de candidat en a obtenu une copie.

Pour le porte-parole du parti historique de l’opposition, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée (PAIGC), Muniro Conte, cette déclaration a été faite sous la contrainte. « Nous savons tous que la Céni est sous pression. Il faut dire qu’il n’y a pas de conditions de sécurité pour l’annonce des résultats. Là, c’est raisonnable. Mais quand on dit que c’est une question de saisie de données, cela ne correspond pas à la vérité. Les données ont été sauvegardées ».

Pour l’opposition, tous les procès-verbaux existent puisque les représentants des candidats à la présidentielle en ont reçu une copie, comme l’explique Fernando Dias. L’opposant se cache à l’ambassade du Nigeria, dont il a obtenu la protection et l’asile politique. Il revendique la victoire à la présidentielle. « Si le président de la Céni a perdu ses données, il faut demander aux gens de venir ensemble et faire la comparaison. Nous avons plus de cinq candidats et chaque candidat avait un représentant. Chaque personne avait les données de son candidat. Donc, il est encore possible d’annoncer les résultats électoraux. J’ai gagné les élections et je sais même avec quel pourcentage », indique l’opposant.

Sept organisations de la société civile ont signé mardi 2 décembre un pacte social pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel, la libération des détenus, la publication et le respect des résultats de cette double élection. Au même moment, le tout nouveau gouvernement de transition tenait son premier conseil des ministres.

Si la délégation de la CEDEAO, menée par le président en exercice Julius Maada Bio, a appelé lundi 1e décembre au retour à l’ordre constitutionnel, elle n’a pas obtenu la libération de l’ensemble des détenus, pas plus que la publication des résultats. La CEDEAO promet de se pencher sur le cas de la Guinée-Bissau lors d’une réunion extraordinaire des chefs d’État de la région le 14 décembre prochain.

La ligue guinéenne des droits de l’Homme a exprimé mardi matin son inquiétude pour les personnes qui sont toujours en détention, dont l’opposant historique Domingo Simoes Pereira, tout comme un membre de son équipe de campagne et un cadre de son parti, le PAIGC. Le procureur général de la Guinée-Bissau Fernando Gomez est également toujours en détention.

Via AIP

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