Des champignons contre les maladies du bananier : la révolution verte venue de Daloa

Une thèse au service d’une agriculture durable

À l’Université Jean Lorougnon Guédé (UJLoG) de Daloa, la recherche se met au service des champs. Le jeune chercheur ivoirien Dr Fofana Ousmane vient de soutenir une thèse novatrice sur les champignons associés aux bananeraies du Haut-Sassandra, une région qui fournit à elle seule près de 37% de la production nationale de bananes et de plantains.

Son ambition : trouver des solutions biologiques pour lutter contre les maladies dévastatrices qui menacent la filière, notamment la fusariose et la maladie des raies noires, deux fléaux responsables de lourdes pertes pour les producteurs.

Moins de pesticides, plus de science

Jusqu’à présent, la riposte reposait essentiellement sur les pesticides chimiques, dont l’efficacité est indéniable mais les effets secondaires désastreux : pollution des sols, contamination des eaux, et risques pour la santé humaine.

Le Dr Fofana propose une alternative plus sûre : l’utilisation de champignons antagonistes capables d’inhiber naturellement la croissance des agents pathogènes.

« L’objectif de ces recherches est de proposer une solution biologique efficace et respectueuse de l’environnement, tout en protégeant la santé des producteurs », a expliqué le nouveau docteur.

Des biopesticides écologiques en préparationLes travaux ont permis d’identifier plusieurs micro-organismes prometteurs dont les métabolites peuvent être transformés en biopesticides écologiques. Ces produits, encore en phase de développement, pourraient être utilisés directement par les planteurs pour protéger leurs bananeraies sans recourir aux produits chimiques importés.

Selon Dr Kouassi Kouassi Clément, directeur de thèse et responsable de l’UFR Agroforesterie, « ces recherches prouvent qu’il est possible de remplacer les produits chimiques par des solutions biologiques tout aussi efficaces, garantissant une production durable du bananier plantain tout en préservant les sols et les eaux ».

Une avancée scientifique saluée

Présidant le jury, Pr Adohi-Krou Viviane, présidente de l’UJLoG, a salué « une recherche appliquée au service de la société ». Elle a insisté sur la portée pratique de ces travaux, qui répondent à des problématiques concrètes rencontrées par les producteurs ivoiriens.

Pour elle, la démarche illustre parfaitement le rôle de la science : trouver des solutions durables conciliant productivité, santé publique et protection de l’environnement.

Vers une production durable made in Côte d’Ivoire

L’équipe de chercheurs ne compte pas s’arrêter là. Elle travaille déjà à la production à grande échelle des métabolites issus de ces champignons bénéfiques et à la formulation de biopesticides prêts à l’emploi.

En parallèle, les scientifiques recommandent aux producteurs d’adopter des bonnes pratiques agricoles, comme l’association du bananier avec le cacao ou le café, une technique qui favorise le développement de micro-organismes utiles dans les sols.

Un modèle pour l’agriculture ivoirienne

Cette recherche positionne le Haut-Sassandra comme un laboratoire vivant de la transition écologique agricole. En conciliant savoirs scientifiques et traditions paysannes, elle ouvre la voie à une production plus durable, créatrice de valeur et protectrice de la biodiversité.

L’Université Jean Lorougnon Guédé confirme ainsi son engagement à transformer la recherche scientifique en solutions concrètes, au service du développement agricole et du bien-être des populations.

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