La tension est montée d’un cran dans la filière café-cacao. Réunis en conférence de presse urgente, les responsables de la plateforme SYNAPCI–ANAPROCI ont tiré la sonnette d’alarme face à une crise de commercialisation qu’ils jugent sans précédent. Devant la presse, Koné Moussa, président du SYNAPCI, et Kanga Koffi, président de l’ANAPROCI, ont pointé une gouvernance qu’ils estiment défaillante au sommet du Conseil Café-Cacao.
Au cœur de leur dénonciation, la gestion du Directeur général du CCC, Brahiman Yves Koné. Selon la plateforme, depuis l’ouverture de la campagne cacaoyère, le système est quasiment à l’arrêt. Le cacao est produit, mais il ne circule pas. Les coopératives peinent à vendre, les paiements tardent, et l’angoisse s’installe dans les zones rurales.
Sur le terrain, les conséquences sont immédiates. Les camions restent immobilisés, les magasins débordent et les producteurs attendent. À quelques jours des fêtes de fin d’année, la situation devient socialement explosive. « Les producteurs sont à l’agonie. Leurs récoltes restent bloquées et leurs familles plongées dans la détresse », ont alerté les deux présidents.
SYNAPCI–ANAPROCI évoque une mauvaise anticipation de la commercialisation et un déséquilibre profond entre la production et les capacités d’écoulement. À cela s’ajoutent des blocages administratifs et informatiques qui empêchent l’acheminement du cacao vers les ports. Le mécanisme de vente anticipée, déjà fragilisé lors des campagnes précédentes, est présenté comme l’un des facteurs majeurs de l’instabilité actuelle.
Les achats opérés via Transcao cristallisent également les tensions. Jugés sélectifs et inéquitables, ils alimentent, selon la plateforme, des conflits d’intérêts et un sentiment d’exclusion chez de nombreux opérateurs pourtant solvables.
Face à ce qu’ils qualifient d’échec de gestion, les responsables paysans passent à l’offensive. Ils exigent la démission du Directeur général du Conseil Café-Cacao dans un délai d’une semaine. Ils appellent aussi à une intervention directe du président de la République, Alassane Ouattara, afin de débloquer la situation.
Parmi leurs revendications figurent la mise en place immédiate d’un plan d’urgence, ainsi que la création d’un comité de crise chargé de libérer les stocks et de garantir l’accès équitable au marché. L’enjeu est clair : éviter l’asphyxie financière de milliers de familles rurales.
La plateforme prévient enfin que le temps presse. Si aucune réponse concrète n’est apportée dans le délai imparti, la base paysanne sera mobilisée. « Les magasins sont pleins, mais le cacao ne sort pas. C’est un échec de gestion qui frappe directement les familles paysannes. La presse doit faire entendre leur voix », ont conclu Koné Moussa et Kanga Koffi.
Dans un pays où le cacao reste un pilier économique et social, cette crise dépasse largement un simple dysfonctionnement technique. Elle pose, une fois de plus, la question de la gouvernance d’un secteur vital et de la place réelle accordée aux producteurs dans les décisions qui engagent leur survie.
