Le leader de l’opposition camerounaise, Issa Tchiroma Bakary, qui conteste le résultat de l’élection présidentielle, demeure depuis le 7 novembre en Gambie pour des raisons humanitaires, a déclaré le ministère gambien de l’Information, mardi 25 novembre 2025.
Avant sa fuite, Tchiroma Bakary a insisté sur le fait qu’il était le vainqueur légitime de l’élection du 12 octobre, affirmant que le résultat avait été truqué pour permettre au président Paul Biya d’obtenir un 8e mandat de sept ans. Il a promis à plusieurs reprises de résister au gouvernement de Biya jusqu’à ce que sa « victoire » aux élections soit reconnue.
Le gouvernement camerounais avait menacé de le traduire en justice pour avoir prétendument incité à des manifestations violentes après les élections. Il a nié ces accusations et a reproché aux forces de sécurité d’avoir réprimé les manifestants.
Ses tactiques de résistance ont consisté à appeler à des manifestations de rue et à des opérations de « ville fantôme » visant à paralyser les villes et les villages. Le gouvernement a estimé à 16 le nombre de personnes tuées dans les violences postélectorales, mais d’autres organisations ont avancé un bilan plus lourd.
Biya, 92 ans, est au pouvoir depuis 43 ans (6 novembre 1982) et a été déclaré vainqueur avec 53,7 % des voix, malgré des allégations de fraude. Tchiroma Bakary, qui a servi dans le gouvernement de Biya pendant de nombreuses années, est arrivé en deuxième position avec 35,2 % des voix.
« Il est hébergé temporairement en Gambie pour des raisons purement humanitaires, dans un esprit de solidarité africaine et dans le but d’assurer sa sécurité pendant que les discussions se poursuivent pour trouver une solution pacifique et diplomatique aux tensions postélectorales au Cameroun », a déclaré le gouvernement gambien dans un communiqué. Les autorités gambiennes ont cependant déclaré que le pays ne serait pas utilisé comme « base pour des activités subversives contre un quelconque État ».
En réaction à cette annonce, le principal parti d’opposition gambien, le Parti démocratique uni (UDP), a critiqué le gouvernement pour avoir attendu dimanche pour annoncer l’arrivée de Tchiroma Bakary. Il a déclaré que cela soulevait « de sérieuses questions quant à la transparence, la responsabilité et le respect du droit du peuple gambien à savoir quelles mesures sont prises en son nom ».
Toutefois, le parti s’est dit fier que Tchiroma Bakary ait pu trouver un « refuge sûr » en Gambie.