Andreï Tchikatilo: portrait du monstre de Rostov

Surnommé entre autres « le monstre de Rostov », Andreï Tchikatilo est classé parmi les plus grands criminels et maniaques du siècle.
Il est né le 16 octobre 1936 à Iablotchnoïe (un village de l’oblast de Soumy, et est mort le 14 février 1994 à Novotcherkassk (Russie).

Il a été durant son existence un tueur en série soviétique.

Son enfance

Les parents d’Andreï Tchikatilo étaient des agriculteurs, et sous le régime de Staline, la collectivisation des terres a entraîné d’importantes famines.

La mère de Tchikatilo lui a raconté que son frère aîné, Stephan, de quatre ans son aîné, a été enlevé, tué et mangé par des voisins cannibales pendant la famine en Ukraine.

La famille vivait dans une petite cabane, partageant un unique lit familial. Tchikatilo était puni par sa mère chaque fois qu’il faisait pipi au lit la nuit.

Après des études universitaires en langues, littérature et génie mécanique à l’Université de Rostov, il est devenu instituteur.

En 1963, Tchikatilo s’est marié avec Feodosia Odnatcheva, fille d’un mineur.

Ils ont eu une fille, Lioudmila, puis un fils, Iouri. Par la suite, il a trouvé un emploi de commis à l’approvisionnement dans une usine de construction à Rostov-sur-le-Don.

Ce travail lui a permis de voyager fréquemment pour acheter des matières premières.

Sa vie en tant que criminelle

Tueur en série organisé, il assassine dans cette région des femmes et de nombreux enfants des deux sexes. Impuissant, il ne peut obtenir de satisfaction sexuelle qu’en torturant et en assassinant.

Il les mutile puis consomme la chair de ses victimes, notamment les seins et les organes sexuels.

Il retire également les yeux du corps de ses victimes (énucléation).

Tchikatilo affirme être dégoûté par ce qu’il appelait les « mœurs relâchées » de ses victimes, principalement des prostituées et des fugueurs.

Le 22 décembre 1978, Ielena Zakotnova, une écolière de neuf ans, est violée, poignardée et étranglée par Tchikatilo.

On retrouve son cadavre deux jours plus tard au bord de la rivière Grouchevka.
L’enquête est bâclée et, même si Tchikatilo est soupçonné et interrogé, l’instruction s’oriente vers un autre suspect, Alexandre Kravtchenko, 26 ans.

Il s’agit d’un criminel condamné pour meurtre alors qu’il était encore mineur, mais en liberté conditionnelle.
À l’issue d’une garde à vue musclée, Kravtchenko avoue l’assassinat de la fillette. Malgré sa rétractation ultérieure et les incohérences du dossier, il est condamné à mort et exécuté.

Tchikatilo commet son deuxième meurtre trois ans plus tard, le 3 septembre 1981.
La victime est une prostituée de 17 ans, Larissa Tkatchenko. Encore neuf mois plus tard, le 12 juin 1982, c’est le tour d’une fillette de 12 ans, Lioubov Biriouk.

Quarante-neuf autres meurtres, tous perpétrés de façon semblable, seront retenus par la justice.

Le monstre de Rostov

Une enquête éreintante

Malgré les similitudes entre les assassinats, notamment le mode opératoire, les responsables soviétiques refusent longtemps de considérer qu’il puisse s’agir de l’œuvre d’un seul tueur. 

Le ministère de l’Intérieur met en place en 1983 une task force sous la direction du commandant Mikhaïl Fetisov.

Ce dernier recrute les meilleurs spécialistes de la police soviétique, en premier lieu le lieutenant Viktor Bourakov.
Ce dernier établit un portrait-robot, consultant le psychiatre Alexandre Boukhanovski pour avoir un profil psychologique du criminel.

Ils vont jusqu’à s’entretenir avec un tueur en série psychopathe emprisonné, Anatoli Slivko, qui lui confirme le portrait du psychiatre.

Victime d’abus sexuels dans son enfance, le tueur en série exerce une profession qui l’oblige à beaucoup voyager.

Avancée d’une affaire inquiétante

Le groupe sanguin du tueur, déterminé grâce à des analyses de sperme séché retrouvé sur le corps des victimes, est alors correctement exploité.
En tout, plus de 165 000 prises de sang et 500 000 contrôles sont réalisés. Tchikatilo est lui-même contrôlé en 1984 par une prise de sang.

Les détectives ne trouveront pas de concordance.

Lorsqu’en 1990 sa culpabilité est établie hors de tout doute, les plus grands experts médico-légaux de l’Union soviétique déclareront avoir découvert à cette occasion un phénomène d’une extrême rareté.

Il s’agit du fait qu’un homme ait des cellules de sang et celles du sperme présentant une histocompatibilité différente.

Bourakov, le décrive en charge de l’affaire, remis d’une sévère dépression nerveuse à la suite d’une période de découragement, fait une découverte.

Il se rend compte que le terrain de chasse du tueur est les gares routières et ferroviaires, repérant des proies faciles, prostituées, fugueurs.

Dénouement de l’histoire

Avec l’aide du policier Issa Kostoïev qui a déjà arrêté des tueurs en série, il fait placer 350 policiers dans les gares.

En effet , la plupart sont en uniforme pour que le tueur se rabatte sur les gares uniquement surveillées par ceux en civil.

Le 6 novembre 1990, Tchikatilo est contrôlé par un policier en civil près d’une gare ferroviaire avec des traces d’herbe sur le pantalon et du sang sur le visage peu de temps avant la découverte d’un nouveau corps. Bourakov et Kostoïev croisent le rapport de ce policier avec le profil psychologique qu’ils ont établi.

Le 20 novembre 1990, il est arrêté devant son domicile familial.

Les enquêteurs découvrent dans sa mallette un couteau de cuisine.

Tchikatilo passe rapidement aux aveux : « Je suis persuadé que je souffre d’une espèce de maladie », explique-t-il pour se justifier.

Tueur, violeur, anthropophage, il se crédite lui-même de 55 assassinats alors que la justice, faute de preuves, en retient 52 .

Il s’agit de 21 garçons de 8 à 16 ans, 14 fillettes appartenant à la même classe d’âge et 17 femmes adultes.

Un procès pénible pour les victimes

Le procès de Tchikatilo s’ouvre le 14 avril 1992. Dans le box des accusés séparé par des barreaux du reste de la salle (comme c’est la règle dans les prétoires russes pour les procès criminels), il coupe les plaidoiries par des soufflements d’impatience ou des bribes de phrases incohérentes.

Condamné à mort le 15 octobre 1992 pour le meurtre de 52 femmes, enfants et adolescents entre 1978 et 1990.

Il sera exécuté d’une balle dans la nuque comme peine le 14 février 1994.

Andreï Tchikatilo demeure l’un des tueurs en série les plus marquants et surtout l’un des plus redoutables de l’histoire russe.

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